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  • Rio Lobo un film de Howard Hawks

    Rio Lobo un film de Howard Hawks
    Grandeur du cinéma humaniste
     
    Rio Lobo est le denier film de l'immense cinéaste Howard Hawks. Ce film traine depuis sa sortie sur les écrans de cinéma une réputation exécrable de remake parodique de Rio Bravo et El Dorado, tournés respectivement onze et quatre ans auparavant. Une histoire que chacun s'escrime à nous décrire comme peu intéressante, un rythme trop lent et soi-disant cahotant, des personnages aux caractères pas assez définis... Pourtant ce film dont le scénario est signé par la romancière Leigh Brackett, la complice des grands films d'après-guerre de Hawks, est une grande réussite. C'est avec un immense plaisir que je l'ai découvert ce dimanche soir sur Arte ne l'ayant jamais vu au cinéma pour toutes les mauvaises raisons citées.
     
    Une nouvelle fois ce film raconte l'histoire d'hommes pour qui l'amitié, la camaraderie et le bon whisky sont obsessionnels. L'action débute à la fin de la Guerre de Sécession. Des soldats Sudistes volent l'or des Nordistes en attaquant le train qui le transporte. Scène splendide et spectaculaire filmée de main de maître par Hawks. La guerre s'achève et le Colonel McNally (John Wayne) se lie d'amitié avec les deux leaders sudistes qu'il vient de combattre, le Capitaine Pierre Cordona, interprété par le Mexicain Jorge Rivero, une sorte de latin lover vif et drôle et le Lieutenant Tuscarora joué par Chris Mitchum, le fils de Robert. La réconciliation entre Nordistes et Sudistes permet une magnifique et très plaisante tirade du Colonel McNally qui donne une leçon de patriotisme en expliquant qu'il déteste ceux qui l'ont trahi mais admire ceux qui l'ont combattu.
     
    Le Colonel et le Capitaine se déplacent au Texas pour pourchasser le traitres lorsque surgit dans le bureau du Shériff Bill Williams, un ami de Mc Nally, Shasta Delaney (Jennifer O'Neill) qui vient accuser la bande de Ketcham, dominant la petite ville de Rio Lobo, du meurtre de son vieil ami. Superbe intrusion d'une femme à l'allure d'institutrice dans cet univers d'homme. Lors de la séquence de tentative d'enlèvement de Shasta par les hommes de main du petit tyran de Rio Lobo, la jeune femme se dévoile habile tireuse et très jolie femme. Sous sa conduite, les deux amis se rendent à Rio Lobo affronter les malfaisants. Le trio va se trouver rejoint au cours des péripéties de l'action par deux autres femmes Maria Carmen et Amelita ainsi que par un vieil homme, le propriétaire terrien Phillips, spolié par Ketcham, le shériff Hendricks et leur bande.
     
    Si Hawks s'avère le plus souvent dans son œuvre, un cinéaste du commando qui ne peut intégrer ni les femmes ni les vieillards, force est de constater que dans son ultime film, la place des femmes et des anciens est importante. Pour preuve, les rôles accordés aux trois personnages féminins qui luttent avec détermination aux côtés du Colonel. Lors de l'affrontement final c'est Amelita qui tuera l’infâme Shérfiff Hendricks à la place du héros le Colonel McNally. Le rôle central des femmes, pistolet au poing dans Rio Lobo, est assez rare dans les westerns classiques... Et la superbe scène ou Shasta fait perdre leurs doutes à ses compagnons sur ses qualités de cavalière est une pure réussite humaniste et formelle.
     
    Les hommes vieillissant comme Phillips - alcoolique, mais adroit -, interprété par Jack Elam qui reprend ici la place occupée par Walter Brennan dans Rio Bravo, en plus vindicatif, sont aussi à l'honneur. Il me semble important de rappeler que le Colonel est aussi un homme vieillissant - John Wayne a 63 ans en 1970 - moins agile mais déterminé, patriote, amoureux de la liberté et de la justice.
    Rio Lobo servi par la mise en scène classique et limpide de Howard Hawks, la superbe partition musicale de Jerry Goldsmith, une belle lumière et des cadres d'une grande précision du chef-opérateur William H. Clothier est un film hautement hawksien et très savoureux. Une déclaration d'amour à l'honneur, à la droiture d'hommes et de femmes au caractère bien trempé. Du beau et grand cinéma humaniste!
    Dommage que le documentaire qui suivait le film John Wayne - L'Amérique à tout prix de Jean-Baptiste Péretié soit un film de piètre qualité et très à charge contre l'immense acteur américain. Un documentaire avec un regard gauchissant et progressiste sortant les propos de John Wayne de leur contexte et diffusant sa propagande bien-pensante.
    Rio Lobo un film de Howard Hawks
    États-Unis – 1970 – 1h50
    Interprétation: John Wayne, Jorge Rivero, Jennifer O'Neill, Jack Elam, Christopher Mitchum, Victor French, Susana Dosamantes, Sherry Lansing, David Huddleston, Mike Henry, Bill Williams, Jim Davis, Dean Smith, Robert Donner, George Plimpton
    A voir sur Arte dimanche 22 décembre 2024 à 21h et à revoir sur Arte.TV

  • Mourir d’aimer un film d’André Cayatte

    Mourir d’aimer un film d’André Cayatte

     

    J’ai revu hier soir sur ARTE, Mourir d'aimer (1971) d'André Cayatte. Revoir ce film 53 ans après ma première vision dans des salles pleines (6 millions d’entrées en France) où les spectateurs pleuraient à chaudes larmes me semblait important bien que mon souvenir du film me fasse craindre le pire.

     

    Le pire n’est pas toujours sûr nous disait Paul Claudel mais en l’occurrence trois fois si.

    Le film est une très mauvaise mise en scène de l'affaire Gabrielle Russier, une tragédie réelle. Georges Pompidou très ému par l’affaire comme de nombreux français en parla très bien en citant des vers de Paul Eluard Moi, mon remords, ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts qui sont morts pour être aimés.

     

    C’est une longue fiction où s’enchainent des poncifs et des clichés d'une naïveté confondante sur la société, les rapports familiaux, la politique et le joli mois de mai qui en disent long sur la sottise de cette époque (la mienne comprise, très certainement. Fort heureusement le cinéma avec les films de Rohmer, Bresson, Eustache, Pialat, Leone...), la musique (Les Beatles, L.Cohen, B.Dylan, N.Young....) et la lecture Guy Debord et Simon Leys me remirent les idées en place).

     

    Une petite vile de province tranquille, Rouen en1968 (c'était beau et calme Rouen en 1968), Danièle Guénot (Annie Girardot) est professeure de lettres, la trentaine, divorcée et mère de deux enfants. Elle exerce son métier différemment. Régulièrement, elle reçoit les élèves chez elle, va au café et organise des promenades dominicales avec eux.

     

    L'un de ses élèves, Gérard (Bruno Pradal), tombe amoureux d’elle. Dans un premier temps elle le repousse puis finit par céder, partageant avec lui cette forte passion amoureuse. Gérard est mineur, sa mère bourgeoise coincée et son père, pourtant militant de gauche, ne supportent pas cette liaison et vont tout faire pour y mettre fin en employant des moyens assez radicaux.

     

    André Cayatte, le chevalier sans peur et sans reproche des Dossiers de l’Écran l’émission d'Armand Jammot, s'est emparé d’un fait divers qui avait ému la France en 1969 : Gabrielle Russier, une enseignante, fut accusée de détournement de mineur en ayant abusé de son statut. La pression judiciaire et publique fut telle qu’elle finira par se suicider.

     

    Ce long métrage contient un nombre de maladresses scénaristiques bien trop schématiques, et très démonstratives. Il dénonce avec une lourdeur et une vigueur manichéenne des travers d’une société montrée comme réactionnaire. Quand à la mise en scène elle est inexistante, seul compte le sujet filmé sans aucun choix esthétique dans une époque où portant le pop art, la musique, les arts plastiques et même le cinéma ont accouché de belles réussites. Un très mauvais film!!

     

    "Vous avez été jeune dans une époque où vous aviez de mauvais maitres et sans doute de mauvaises fréquentations" m'a dit au début des années 2000, un Chanoine vu en confession à Notre-Dame de Paris. Rien de plus juste!

    Jacques Déniel

     

     

    Mourir d’aimer un film d’André Cayatte

    France – 1971 – 1h49

    Interprétation :Annie Girardot, Bruno Pradal, Claude Cerval, Jean Bouise, Nathalie Nell, François Simon, Yves Barsacq…

    Disponible jusqu'au 07/02/2025 en replay ARTE.TV