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KINUYO TANAKA (1909-1977)

KINUYO TANAKA (1909-1977)

Une cinéaste de grand talent

 

Lorsque Kinuyo Tanaka décide de passer à la réalisation, elle est une actrice célèbre et reconnue au Japon, elle a joué dans plus de 200 films, depuis le début du muet et jouera jusque dans les années 1970. Elle a accompagné les premiers pas du cinéma japonais muet – à l’âge de quatorze ans – et parlant et tourné avec les plus grands cinéastes: Yasujirō Ozu, Mikio Naruse, Kenji Mizoguchi, Hiroshi Shimizu, Keisuke Kinoshita … Elle a rencontré le succès international, grâce à ses rôles dans les films de Mizoguchi, Miss Oyu (Oyū-sama, 1951), La Vie d’O’Haru femme galante (Saikaku ichidai onna, 1952), Les Contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu monogatari, 1953) et L’Intendant Sansho (Sanshō dayū, 1954). Ces trois derniers films récompensés dès leur présentation à la Mostra de Venise.

 

Kinuyo Tanaka décide de faire des films en tant que cinéaste et se prépare avec sérieux et opiniâtreté. Elle est assistante du cinéaste Mikio Naruse sur le tournage du film La Mère. Avant-elle, Tazuko Sakane avait été la seule femme a passé derrière la caméra (Hatsu Nagata, 1936).

Son propos « Maintenant qu’il y a également des femmes élues au parlement japonais, j’ai pensé que ce serait une bonne chose qu’il y ait aussi au moins une femme réalisatrice. » – reflète l’atmosphère de l'époque et sa forte volonté de passer derrière la caméra. Grâce au soutien actif des cinéastes Mikio Naruse et Keisuke Kinoshita, qui lui écrit le scénario d’après un roman populaire publié en feuilleton de Fumio Niwa, elle peut tourner son premier long-métrage Lettre d’amour. Suivront cinq très beaux films oscillants entre mélodrame film historique et drame social.

 

Lettre d'Amour (Koibumi – 1953)

Lettre d'amour tourné en 1953 se déroule à Tokyo dans le quartier de Shibuya. Reikichi, un marin démobilisé, vit dans un petit appartement chez son frère Hiroshi ... Hanté par son amour passé, il se rend régulièrement à la gare, en quête de Michiko, son amour perdu... Ce beau film, un mélodrame sensible et cru aborde avec finesse et intelligence la question de la réconciliation à travers une histoire d’amour troublée par les heurts de la guerre. Tanaka filme dans des décors naturels avec un sens inné de l'occupation de l'espace, de la minéralité des êtres et de la nature. Elle conduit sa tragédie intime avec beaucoup de compassion et de mélancolie. A travers ce fiction mêlant mélodrame, film noir, néoréalisme, documentaire social, elle tend un fil fragile entre le passé, le présent et futur. Un magnifique portrait du Tokyo d’après-guerre.

 

La Lune s'est levée ( Tsuki wa noborinu – 1955)

Kinuyo Tanaka nous conte l'histoire des trois filles de Mr Asai qui vivent à Nara auprès de leur père. Elle réalise une brillante comédie de mœurs, parfois proche du marivaudage et teinté d'accents mélodramatiques. Une œuvre tendre, douce et cruelle qui nous parle avec finesse de la société japonaise de l’après guerre, de la place qui occupent les femmes, des relations amoureuses, sociales et codées avec les hommes Un père, ses trois filles et leurs servantes, des jeunes hommes solitaires, une nature de toute beauté, la grandeur de la tradition sont au centre de ce grand film. La cinéaste utilise toujours des cadres rigoureux et d'une grande beauté formelle où elle fait évoluer ses personnages. Les plans de la maison familiale où elle travaille sur la profondeur de champ pour marquer l’intimité et l'absence sont composés avec un grand sens des déplacements, de l'espace et du temps qui passe..

 

 

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare - 1955)

Avec ce troisième film, Kinuyo Tanaka s’inspire de la vie de Fumiko Nakajo (1922-1954), grande poétesse japonaise qui a brille dans l'art poétique du Tanka dont est issu le haïku). Une femme morte très jeune d’un cancer du sein, un mois après la publication de son premier recueil. La cinéaste en tire un très beau portrait de femme fauchée en pleine jeunesse doublé d’un mélodrame magnifié par une mise en scène d’une grande inventivité formelle. Un superbe film mélancolique et dramatique sur la force d'une femme, sa beauté morale, sa grandeur de mère, sa force d'amour. Une œuvre dune grande force sociale et poétique sur le Japon de l'après guerre.

 

La Princesse errante (Ruten no ohi – 1960)

En 1937, l'héroïne, Ryuko, une Princesse japonaise, passe par son mariage avec le frère de l'Empereur Mandchou du Japon au continent chinois au moment des relations très complexes et tendues entre Japon, Empire Mandchou et Chine. La seconde guerre mondiale éclate...Le film est à la fois une superbe fresque historique, un film d'aventures et un mélodrame d'une tristesse infinie. Servi par une belle mise en scène en Cinémascope couleur, la cinéaste continue de travailler sur ses obsessions thématiques. Une nouvelle fois elle parle de la souffrance des femmes, centrée sur ce mariage arrangé et toutes ces implications. Elle montre et questionne la place pour une femme dans la société japonais et ses rites. L’errance de Ryuko au cœur du film est spatiale, temporel et morale. Prisonnière de son destin, elle ne peut trouver sa place dans le monde. En Mandchourie, ce sont des militaires qui décident… La musique de Chuji Kinoshita, mélodramatique, épique et grandiose rend encore plus tragique ce périple.

 

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru – 1961)

Son cinquième film est une étude sociologique qui décrit les conséquences de la loi abolissant les maisons closes. Kinuyo Tanaka nous conte le parcours de Kuniko, une ex-prostituée. C'est un beau mélodrame social qui sonne toujours juste grâce à la force, la précision et la discrétion de la mise en scène. La cinéaste filme ses ses interprètes avec beaucoup d’attention et d'amour. Chisako Hara dans le rôle de Kuniko, Chikage Awashima en directrice du centre ou Kyôko Kagawa en propriétaire de la pépinière, actrices confirmées ou bien jeunes débutantes sont toutes remarquables.

 

Mademoiselle Ogin (Ogin-sama – 1961)

A la fin du XVIe siècle, alors que le Christianisme, venu d’Occident, est proscrit, Mademoiselle Ogin tombe amoureuse du samouraï Ukon Takayama, qui est chrétien...
Pour son dernier film en tant que cinéaste, Kinuyo Tanaka décide de s’attaquer au mélodrame en kimono, comme ceux qui firent la grandeur cinématographique de Kenji Mizoguchi. La force de la direction artistique, la grande beauté formelle et le choix de comédiens prestigieux font de ce film ample, lyrique et émouvant, une véritable splendeur.
Mademoiselle Ogin, est une œuvre flamboyante qui nous conte le tragique destin d'une héroïne qui désire vivre selon ce que lui dicte son cœur.

 

Jacques Déniel

 

 

 

Lettre d'Amour (Koibumi)

Réalisation: Kinuyo Tanaka d’après un roman de Fumio Niwa

Japon – 1953 – noir et blanc – mélodrame – 1h38 – VOSTF
Interprétation: Masayuki Mori, Yoshiko Kuga, Jukichi Uno, Juzo Dosan ,Chieko Seki....


La Lune s'est levée ( Tsuki wa noborinu)

Réalisation: Kinuyo Tanaka d’après un scénario de Ryosuke Saito et Yasujiro Ozu

Japon – 1955 – noir et blanc – mélodrame – 1h42 – VOSTF

Interprétation: Chishu Ryu, Shuji Sano, Hisako Yamane, Yoko Sugi, Mie Kitahara...

 

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare)

Réalisation: Kinuyo Tanaka d’après un roman d’Akira Wakatsuki

Japon – 1955 – noir et blanc – mélodrame – 1h51 – VOSTF

Interprétation:Yumeji Tsukioka, Masayuki Mori, Ryoji Hayama,Yoko Sugi, Shiro Osaka...

 

La Princesse errante (Ruten no ohi)

Réalisation: Kinuyo Tanaka d’après les mémoires de Hiro Saga

Japon – 1960 – couleurs – mélodrame historique – 1h43 – VOSTF

Interprétation: Machiko Kyo, Eiji Funakoshi,, Atsuko Kindaichi, Chieko Higashiyama, Sadako Sawamura.

 

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)

Réalisation: Kinuyo Tanaka d’après un roman Masako Yana.

Japon – 1961 – noir et blanc – mélodrame social– 1h33 – VOSTF

Interprétation: Hisako Hara, Akemi Kita, Yosuke Natsuki, Sadako Sawamura, Chieko Seki, Akihiko Hirata

 

Mademoiselle Ogin (Ogin-sama)

Réalisation: Kinuyo Tanaka d’après une histoire de Toko Kon

Japon – 1962 – couleurs – mélodrame historique– 1h42– VOSTF

Inerprétation: Ineko Arima, Tatsuya Nakadai, Ganjiro Nakumara, Mieko Takamine, Osamu Takizawa , Keiko Kishi...

 

Rétrospective dans les salles de cinéma art et essai, sortie en coffret DVD chez Carlotta Films

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