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  • Le loup d’Intermarché, un conte de Noël à la morale bien-pensante

    Le loup d’Intermarché, un conte de Noël à la morale bien-pensante

    Il fallait oser. Intermarché l’a fait. Transformer le loup, une figure emblématique, incarnation d’une certaine sauvagerie - présent dans de nombreux essais, fictions littéraires, bandes dessinées et films – un prédateur qui chasse pour survivre en une peluche repentante qui renonce à chasser pour être aimé de tous. Une fable publicitaire sucrée, lisse, unanimiste, applaudie par des millions de téléspectateurs attendris. Mais derrière la douceur du conte se cache une imposture idéologique complaisante.

    Cette publicité fonctionne à merveille à un moment particulièrement indécent où des agriculteurs meurent économiquement, où des éleveurs pleurent leurs bêtes abattues, pendant que l’Union européenne, les lobbys écologistes, les végétariens militants et les végans et les wokistes dogmatiques martèlent qu’il ne faut plus manger de viande, qu’il faut réduire les troupeaux, culpabiliser l’élevage, transformer le paysan en pollueur honteux. Et que nous propose Intermarché ? Un loup qui ne mange plus de viande. Le symbole est inconvenant, bien-pesant et d'une naïveté confondante.

    Car le loup réel, le vrai, celui qui vit et survit, ne mange pas pour être aimé. Il ne cherche pas à se rendre sympathique. Il chasse, il tue, il mange d’autres espèces animales pour survivre. Il n’a ni morale humaine, ni projet social, ni désir de reconnaissance. Lui prêter des états d’âme culinaires relève non seulement de l’anthropomorphisme le plus grossier, mais d’un mensonge écologique fondamental.

    Pire encore : le loup, avant sa réintroduction, était une espèce menacée, proche de la disparition. Une réalité soigneusement évacuée par la publicité, qui préfère le transformer en mascotte domestiquée, en animal désamorcé, inoffensif, presque familial. Tous les autres animaux du film sont mignons, adorables et éternels. Le loup, lui, devient un objet narratif, vidé de sa nature, réécrit pour correspondre à la morale wokiste contemporaine.

    Ce procédé rappelle étrangement les nouvelles productions moralisatrices des studios de divertissement américains type Walt-Disney: une nature rééduquée, une sauvagerie corrigée, une violence biologique niée, au profit d’un monde artificiel où tout doit être doux, inclusif, non conflictuel. Un monde où même les prédateurs doivent s’excuser d’exister.

    Faut-il comprendre qu’Intermarché, dans un élan de vertu publicitaire, s’apprête à retirer la viande de ses rayons pour satisfaire les nouveaux clercs de la morale verte ? Faut-il voir dans ce loup le symbole d’une société qui n’accepte plus la réalité du vivant, qui refuse la mort, la prédation, la hiérarchie naturelle, et qui rêve de transformer la nature sauvage en une éco-nature culturelle, aseptisée, idéologique, conforme aux dogmes du moment ?

    Pourquoi devrions-nous changer la nature – sauvage par essence, cruelle par nécessité, indifférente à nos fantasmes moraux – pour satisfaire une vision du monde hors-sol, culpabilisatrice, profondément anthropocentrée, qui prétend défendre la planète tout en niant ce qu’elle est réellement ?

    Ce loup qui ne mange plus de viande n’est pas un message d’espoir. C’est un mensonge confortable. Un conte pour enfants diffusé aux adultes. Et surtout, une trahison : celle du réel, du vivant, et de ceux qui, chaque jour, nourrissent le pays au prix de leur dignité et de leur survie.