Sermon sur la crèche sans visage de Bruxelles
Sermon sur la crèche sans visage de Bruxelles
A la manière de Bossuet
« Ils ont des yeux et ne voient point. » (Psaume 115)
Mes frères, quelle image nous est aujourd’hui offerte dans l’espace public de nos cités ?
Une crèche où les figures sacrées, jadis resplendissantes de lumière, sont désormais réduites à de pâles silhouettes sans visage. O mystère d’aveuglement ! O siècle qui, craignant la clarté du regard divin, préfère la fadeur et la laideur à l’Incarnation !
Car notre foi est une foi du Visage. Le Dieu que nous adorons, loin de se cacher dans les ombres, a révélé son visage parmi les hommes : visage d’enfant couché dans la crèche, visage d’homme penché vers les pauvres, visage glorieux transfiguré sur la montagne, visage souffrant offert sur la croix. Et l’on voudrait désormais nous présenter une Nativité où nul visage n’ose apparaître ? Quelle étrange ambition que celle de gommer ce que Dieu a voulu manifester !
On nous parle de neutralité, d’inclusion, d’effacement prudent pour n’offenser personne. Mais n’est-ce pas là une fausse sagesse, un zèle qui n’éclaire point, un scrupule qui finit par détruire ce qu’il prétend respecter ?À force de vouloir plaire à tous, on ne transmet plus rien.
À force de vouloir tout égaliser, on finit par rendre tout insignifiant.
O vous qui, par crainte des murmures, laissez dépérir les signes de sens !
O vous qui, par excès de prudence, ôtez aux symboles leur chair et leur éclat !
Ne voyez-vous pas que, ce faisant, vous appauvrissez non seulement une tradition, mais l’âme commune de la cité , de la Nation ?
Il ne s’agit point ici de vivre notre foi, mais aussi de reconnaître qu’un peuple se nourrit de visages, de récits, de formes vivantes et de traditions chrétiennes vivantes. En remplaçant l’Incarnation par une abstraction, vous enseignez aux enfants non la paix, mais l’indifférence ; non le respect, mais l’oubli ; non l’ouverture, mais le vide.
Revenons, mes frères, au sens véritable du mystère de Noël. Ce n’est pas un décor anodin, mais la proclamation que Dieu s’est fait homme, non ombre, non silhouette, non effacement — homme avec un visage, visage où brille la lumière du monde.
Que ceux qui façonnent les œuvres publiques s’en souviennent. Qu’ils comprennent qu’effacer le visage, c’est effacer le message. Et que la beauté n’est point un luxe, mais une responsabilité.
Car si nous renonçons au visage, nous renonçons à la rencontre. Et si nous renonçons à la rencontre, nous renonçons à l’humanité.
Sermon sur la crèche sans visage de Bruxelles
A la manière de Bossuet
« Ils ont des yeux et ne voient point. » (Psaume 115)
Mes frères, quelle vision saisissante se dresse aujourd’hui devant nous dans l’espace public de nos cités ! Une crèche dépouillée, où les figures sacrées, jadis pleines de majesté et de douceur, ne sont plus que des ombres inconsistantes, de pâles simulacres sans visage. Ô spectacle lamentable ! Ô mystère d’aveuglement ! Le siècle, redoutant la splendeur du regard divin, ose préférer la fadeur et la laideur à la lumière, l’effacement à l’Incarnation !
Car notre foi est foi du Visage. Ce Dieu que nous adorons, loin de demeurer dans les invisibles profondeurs de l’éternité, a voulu se montrer : visage d’enfant reposant dans la crèche, visage d’homme incliné vers les pauvres, visage transfiguré sur la montagne, visage meurtri livré pour notre salut. Et l’on prétend aujourd’hui nous offrir une Nativité où nul visage n’ose paraître ? Quelle témérité ! Quelle révolte contre le dessein même de Dieu !
On invoque la neutralité, l’inclusion, l’effacement prudent, comme si l’effacement était sagesse. Mais n’est-ce pas là une fausse clarté qui obscurcit ? Un zèle craintif qui consume ce qu’il pense protéger ? À force de vouloir ne blesser personne, on finit par n’enseigner plus rien.
À force de vouloir invibiliser tout symbole, on vide toute chose de son sens.
Ô vous qui, par crainte des murmures, laissez se flétrir les signes de la foi !
Ô vous qui, sous prétexte de prudence, arrachez aux symboles leur chair, leur couleur, leur éclat !
Ne voyez-vous point que vous n’appauvrissez pas seulement une tradition, mais la cité elle-même, et jusque dans son âme la Nation tout entière ?
Il ne s’agit pas seulement de vivre notre foi : il s’agit de rappeler qu’un peuple ne subsiste que nourri de visages, de récits, de formes vivantes ; que la mémoire chrétienne a façonné son souffle, ses fêtes, sa beauté. En substituant à l’Incarnation une abstraction sans vie, vous enseignez aux enfants non la paix, mais l’indifférence ; non le respect, mais l’oubli ; non l’ouverture, mais le vide.
Revenons, mes frères, au véritable sens du mystère de Noël. Ce n’est pas un décor pour passants distraits : c’est la proclamation que Dieu s’est fait homme — non ombre, non silhouette, non néant — mais homme avec un visage, visage d’où jaillit la lumière du monde.
Que ceux qui façonnent nos espaces publics s’en souviennent :effacer le visage, c’est effacer le message ; et effacer le message, c’est étouffer l’espérance.
Car si nous renonçons au visage, nous renonçons à la rencontre.
Et si nous renonçons à la rencontre, nous renonçons à l’humanité.