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Benedetta un film de Paul Verhoeven

Benedetta un film de Paul Verhoeven

 

Présenté en compétition en sélection officielle au Festival International du Film de Cannes Benedetta, le nouveau film de Paul Verhoeven, metteur en scène très talentueux, auteur des excellents La Chair et le sang, RoboCop, Total Recall, Starship Troopers et d'un chef d’œuvre Black Book qui conte le parcours d'une jeune femme juive qui devient espionne pour le compte de la résistance néerlandaise à la fin de la seconde Guerre Mondiale, sort sur les écrans de cinéma en France accompagné d'un parfum de scandale et de provocation comme Basic Instinct ou Showgirls.

Bien à tort car le film n'a rien de choquant ni de révolutionnaire. Servi par des comédiens pour la plupart excellents: Virginie Effira, Charlotte Rampling, Olivier Rabourdin, Daphné Patakia, Louise Chevilotte, la superbe photographie éclairéé à la bougie de Jeanne Lapoirie et les beaux chants de Hildegard Von Bingen, le film est porté par une mise en scène d'une ampleur et une flamboyance certaine.

Malheureusement, le XVIIème siècle de Paul Verhoeven à bien trop des allures médiévales et sa mise en scène frôle parfois le ridicule, particulièrement dans les scènes de visions de sœur Benedetta ou lorsque cette dernière parle avec une voix d'homme sensée être celle du Christ, admonestant les sœurs, les hommes d'églises, le peuple.

Benedatta est l'histoire d'une mystificatrice, d'une menteuse avide de pouvoir qui se sert de la religion pour imposer son autorité et ses désirs. Adapté du livre de l’historienne Judith C. Brown, Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne, qui relate le procès d’une religieuse accusée d’avoir des relations sexuelles avec une novice et menacée du bûcher, le film de Paul Verhoeven dresse le portrait de Benedetta Carlini (Virginie Efira), une jeune fille de la noblesse toscane entrée au couvent des Théatines à Pescia en Toscane à l’âge de 9 ans. Elle affirme avoir reçue les stigmates et être l'épouse quasi-concrète du Christ.

Grande manipulatrice, elle assouvit avec intelligence et audace sa soif de pouvoir et ses désirs sexuels. Seul sœur Christina (Louise Chevilotte), clairvoyante, comprend que Benedetta ment à toutes et tous et la dénonce aux autorités ecclésiastiques mais poussée dans ses retranchements par les sœurs et leur Abbesse, sœur Félicita (Charlotte Rampling) ainsi que par le Prévôt (Olivier Rabourdin) et les prêtes de Pescia désireux de bénéficier de l'aura des faux miracles, elle se suicide en se jetant du toit du couvent.

Benedetta n'est bien entendu absolument pas un film féministe – contrairement aux propos écrite ou dits ça et là – mais bel et bien est une œuvre de cinéaste homme qui filme des fantasmes classiques - quoi de plus naturel en somme de la part d'un homme cinéaste, Paul Verhoeven - aimant et désirant les femmes, leurs esprits, leurs corps surtout, quand de surcroit, ce sont ceux de religieuses qui ont une relation saphique et qui se dénudent enlevant leur voile, tunique et scapulaire afin de vivre d'intenses étreintes.

Désireux de choquer (on ne sait trop qui), le cinéaste rajoute un élément absent du livre et des événements réels, l'emploi d'une statue de la Vierge Marie dont le pied est sculpté par la novice Bartolomea (Daphné Patakia) pour en faire un godemichet. Il ridiculise l’Église Catholique en caricaturant ses représentants, en particulier le Nonce Apostolique, venu de la ville de Florence, ravagée par la peste, interprété par un Lambert Wilson monolithique.

Enfiévré, emporté, lyrique, perclus dans sa chair cinématographique par des bubons grotesques, la mise en scène de Paul Verhoeven raconte une histoire de schizophrénie, d’hystérie et de pouvoir, d'affrontement entre femmes pour le posséder au détriment de l'amour véritable pour les humains et pour le Christ en éludant la question de la croyance en la détournant. La croyance en la force du cinéma est très présente dans toute l'œuvre de Paul Verhoeven. Il y a des éclats de beauté visuelle et cinématographique envoûtants dans Benedetta. Mais les questions de la vérité historique des faits racontés et de la croyance religieuse, de la foi dans le Christ sont problématiques voir absentes dans ce film.

 

Jacques Déniel

 

Benedetta un film de Paul Verhoeven

France-Pays-Bas – 2021 – 2h06

Interprétation: Virginie Effira, Charlotte Rampling, Olivier Rabourdin, Daphné Patakia, Louise Chevilotte, Lambert Wilson, Hervé Pierre...

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