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Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood

Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood

Un héros ordinaire



Atalanta, pendant les Jeux Olympiques la fête bat son plein au concert de Jack Mack and the Heart Attack ce vendredi 26 juillet 1996 dans le Parc du Centenaire de la ville. Un agent de sécurité, Richard Jewell – interprété par l'exceptionnel Paul Walter Hauser –, obèse, réservé, patriote extrêmement consciencieux dans l'exécution de son travail, trouve un sac à dos abandonné au pied d'un banc près de la foule qui danse. Il prévient aussitôt la police et prend l’initiative des mesures élémentaires de sécurité qui permettent d’éviter un carnage lorsque la bombe explose. CNN, suivi par l'ensemble des médias américains en font un héros national.

Trois jours plus tard, le vent tourne. Le FBI porte ses soupçons sur lui, découvre que cet homme méticuleux a un sens obsessionnel de la sécurité et que son "zèle", l'a forcé à quitter la police puis obligé à démissionner de son travail de vigile à l’université. Seul, desservi par un physique ingrat, il vit chez sa mère. Pour le Fédéral Bureau, il possède le profil psychologique du terroriste. Très vite, la presse change de ton et le condamne. Cet américain moyen et courageux voit sa vie et celle de sa mère Bobi Jewell (Kathy Bates, très émouvante) détruites.

Depuis American Sniper (2014), Clint Eastwood s'intéresse aux histoires vrais et particulièrement à la vie de citoyens représentant l'Amérique profonde, des nowhere ayant intéressés les médias par leur destin de héros ordinaire. Sully (2016), le 15h17 pour Paris (2018) et Richard Jewell (2019), films splendides et exemplaires nous content l'histoire de ces hommes qui croient encore aux valeurs et aux institutions de leur pays. Des gens simples et honnêtes qui font leur travail et sauvent des vies au nom des idéaux de liberté, d'honneur et de bravoure qui appartiennent aux valeurs fondamentales des États-Unis.

Grand défenseur de ces valeurs constitutives de la Nation américaine, Clint Eastwood confirme par ses films qu'il est un fervent défenseur des plus pauvres et des marginaux de la société. Comme John Ford, il s’avère un grand humaniste épris de liberté individuelle et d'admiration pour les héros populaires. Croyant profondément aux valeurs politiques et morales de son pays, il sait aussi en dénoncer les travers et les injustices.

Le parcours édifiant de Richard Jewell, naïf et trop respectueux envers les autorités, héros médiatique jugé coupable par le FBI, en particulier par l'agent Tom Shaw (Jon Hamm), un homme méprisant et falot qui utilise sans vergogne des méthodes illégales pour obtenir des aveux, et, la presse de son pays, ne pouvait que le passionner Clint Eastwood. Il signe un film qui rend honneur et justice à ce garçon amoureux des institutions de son pays dont la vie a été ravagée par trois mois de calvaire malgré la défense efficace de son avocat Waston Bryant (le formidable Sam Rockwell) face aux manœuvres malhonnêtes du FBI et aux infamies des médias. Le cinéaste montre la bassesse de la presse qui se comporte comme une meute – semblable à la pègre qui juge l'assassin dans M le Maudit de Fritz Lang – en particulier contre le quotidien local, The Atlanta Journal-Constitution qui révèle le premier des informations sur l'affaire. Le 30 juillet 1996, la journaliste Kathy Scruggs (Olivia Wilde), arrogante, suffisante, en recherche de notoriété se croyant investit d'une mission de justicière (dérive malheureusement présente dans nos médias publics et privés et sur les résaux sociaux) écrit: «Richard Jewell, 33 ans, ancien membre des forces de l'ordre, correspond au profil du poseur de bombe solitaire. Ce profil inclut généralement un homme blanc frustré qui est un ancien policier, membre de l'armée ou personne souhaitant devenir policier qui cherche à devenir un héros. Jewell est devenu une célébrité à la suite de l'attentat (...).

Eastwood dresse un réquisitoire sans appel contre les méthodes scandaleuses de la presse et les incompétences notoires du FBI dans cette affaire. Amoureux de son pays et des valeurs de l'Amérique de Lincoln, il sait être impitoyable contre les dérives contemporaines et les injustices qui blessent les américains ordinaires (comme John Ford dans Je n'ai pas tué Lincoln, lorsque le docteur Mudd, accusé à tort de complicité dans l'assassinat de Abraham Lincoln, prisonnier au bagne sur l'île de Shark Island où une épidémie de fièvre jaune fait rage, fait tirer sur le drapeau américain du bateau de l'armée refusant de livrer des vivres et médicaments au bagne). Le Cas Richard Jewell, film politique juste, sobre, âpre et cruel, servi par une mise en scène rigoureuse, aux cadres acérés et des comédiens, excellents, secs, tendus, drôles, touchants, pathétiques est une œuvre d'une grande beauté classique et d'une force émotionnelle intense.



Jacques Déniel



Le Cas Richard Jewell un film de Clint Eastwood

États-Unis – 2019 – 2h10

avec: Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Kathy Bates, Olivia Wilde, Jon Hamm, Nina Arienda...

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